par Luc Lavacherie
LES DATES : Ciné Concerts les 25 mars 2011 à Châteauroux, le 8 avril 2011 à Selles sur Cher,
le mardi 24 mai à l'Archipel (Paris) (soirée cinéma club des anciens)
Tous les renseignements sur l'agenda
le mardi 24 mai à l'Archipel (Paris) (soirée cinéma club des anciens)
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Bande annonce Fos'Note : Texte de Luc Lavacherie, Voix de Yves Jallais, Musique de Jacques Cambra
Photos du film : Carlotta / Photo Jacques Cambra : Régis d'Audeville
un film muet d’Alfred Hitchcock – 1926 – Grande Bretagne – 1h40 - Copie Carlotta Films
avec
Ivor Novello ( le locataire), Marie Ault (Mrs Bunting – la propriétaire), Arthur Chesney (Mr Bunting – le propriétaire), June (Daisy Bunting – la fille des propriétaires) et Malcom Keen (Joe Betts – policier, fiancé de Daisy). Scénario : Eliot Stannard et Alfred Hitchcock d’après le roman éponyme de Marie Belloc-Lowndes inspiré du personnage de Jack l’éventreur.
Résumé de l’intrigue : rendez-vous sur la bande-annonce
L’énigme du regard (qui tue)
The Lodger Alfred Hitchcock |
The Lodger Alfred Hitchcock |
Une promenade avec Madame Hitchcock
Ivor Novello & June |
Aujourd’hui, à nos yeux entachés par une vision plus globale de l’œuvre d’Hitchcock, il peut paraître évident que tous les éléments étaient réunis pour inévitablement donner naissance au premier vrai grand film hitchcockien (ce qui fut le cas). Les producteurs de l’époque, qui n’avaient, eux, et pour cause, pas eu la chance de voir les chefs- d’œuvre que seront par exemple Les 39 marches (1935) ou Une femme disparaît (1938) ne virent pas The Lodger du même œil et se montrèrent d’abord complètement insensibles à la grande virtuosité qu’y déploie Hitchcock3.
Dans un passage significatif de ses fameux entretiens avec François Truffaut, Alfred Hitchcock raconte comment le film une fois terminé fut reçu par les producteurs : « (…) le grand patron est venu au studio pour voir le film. Il est arrivé à deux heures et demie. Mme Hitchcock et moi, nous n’avons pas voulu attendre au studio de connaître le résultat, nous sommes partis dans les rues de Londres et nous avons marché pendant plus d’une heure. Nous espérions que cette promenade aurait une fin heureuse et que tout le monde serait radieux. On m’a dit : « le grand patron trouve lui aussi que le film est lamentable.» Alors ils ont mis le film de côté et ils ont annulé les locations qui avaient été faites sur la réputation de Novello »4
Il y a quelque chose de touchant à entendre cette anecdote de l’artiste qui, alors qu’il vient d’inventer un style de mise en scène qui finira par révolutionner le cinéma, s’éclipse comme un enfant qui viendrait de commettre une grosse bêtise. Cette promenade avec Mme Hitchcock fait d’ailleurs étrangement écho à celle qu’on peut voir dans The Lodger, où, alors que tout semble joué, le locataire et Daisy s’enfuient dans la ville pour se retrouver sur une petite place et aller se réchauffer dans un pub. Elle représente ce moment de calme qui survient parfois au cœur de la tempête et durant lequel on se prend à espérer que tout finira bien. Telle était la situation du jeune Hitchcock au premier tournant de sa carrière, en pleine tempête créative, osant poser les bases d’une nouvelle aventure stylistique, il ne pouvait pour continuer que s’en remettre à la clémence de ses producteurs. On sait comment tout cela finit : « Quelques mois plus tard, ils (les producteurs) ont revu le film et ont voulu faire des changements. J’ai accepté d’en effectuer deux, et dès que le film a été projeté, il a été acclamé et considéré comme le meilleur film britannique réalisé à ce jour. »5 Ce jour-là, un jeune homme, timide en apparence, venait de s’installer au sein dans la grande pension de famille du cinéma anglais et ce, pour un bout de temps, ayant bien compris qu’à l’avenir ses plus grandes idées de mises en scène ne pourront s’imposer qu’à condition d’intégrer ce qui allait devenir le plus grand allié d’Hitchcock : le regard du public.
Il y a quelque chose de touchant à entendre cette anecdote de l’artiste qui, alors qu’il vient d’inventer un style de mise en scène qui finira par révolutionner le cinéma, s’éclipse comme un enfant qui viendrait de commettre une grosse bêtise. Cette promenade avec Mme Hitchcock fait d’ailleurs étrangement écho à celle qu’on peut voir dans The Lodger, où, alors que tout semble joué, le locataire et Daisy s’enfuient dans la ville pour se retrouver sur une petite place et aller se réchauffer dans un pub. Elle représente ce moment de calme qui survient parfois au cœur de la tempête et durant lequel on se prend à espérer que tout finira bien. Telle était la situation du jeune Hitchcock au premier tournant de sa carrière, en pleine tempête créative, osant poser les bases d’une nouvelle aventure stylistique, il ne pouvait pour continuer que s’en remettre à la clémence de ses producteurs. On sait comment tout cela finit : « Quelques mois plus tard, ils (les producteurs) ont revu le film et ont voulu faire des changements. J’ai accepté d’en effectuer deux, et dès que le film a été projeté, il a été acclamé et considéré comme le meilleur film britannique réalisé à ce jour. »5 Ce jour-là, un jeune homme, timide en apparence, venait de s’installer au sein dans la grande pension de famille du cinéma anglais et ce, pour un bout de temps, ayant bien compris qu’à l’avenir ses plus grandes idées de mises en scène ne pourront s’imposer qu’à condition d’intégrer ce qui allait devenir le plus grand allié d’Hitchcock : le regard du public.
1 « J’ai pris une plaque de verre. J’ai placé la tête de la fille sur le verre, j’ai étalé ses cheveux jusqu’à ce que cela remplisse le cadre, puis je l’ai éclairée en dessous en sorte qu’on soit frappé par sa blondeur. » Ibid p.33
2 Eric Rohmer et Claude Chabrol, HITCHCOCK, Editions Universitaires, 1957
3 Virtuosité que Rohmer et Chabrol n’hésitent pas à reprocher à Hitchcock qui selon eux : « (…) ne va pas sans un certain cynisme. Elle trahit cet esprit de mystification qu’Hitchcock ne sublimera que beaucoup plus tard, et qui entache certains de ses films anglais. » Ibid p16
4 HITCHCOCK/TRUFFAUT, Ramsay, 1985, p.36
5 Ibid, p.36
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