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mardi 13 septembre 2011

Metropolis, lumière sur l'obscurité


Film muet de Fritz Lang 
(Allemagne - 1927 - 2h30)
avec Alfred Abel (Joh fredersen), Brigitte Helm (Maria), Rudolph Klein-Rogge (Rottwang)

Critique du film et chronique ciné concert* par 

Metropolis, Maria-Robot / Photo MK2

Une touche de blanc, une autre de noir ; entre clair et obscur. Une part de théâtre fondue dans un film ; des décors monumentaux qui mettent en place une oeuvre unique... On se laisse convertir au culte expressionniste.

Voici donc Metropolis. Sommet du cinéma allemand qui suivit la Première Guerre Mondiale. Critique de la société mêlée à celle du pouvoir. Mélange extravagant de styles qui choquent et qui provoquent l'angoisse. Constante exagération des sentiments ancrés dans les mythes classiques. Vague de folie qui s'abat sur les personnages. Jeu de doubles, jeu de miroirs et d'ombres, sans lesquels l'expressionnisme allemand n'est pas l'expressionnisme allemand.


Metropolis, Freder Fredersen / Photo MK2
Mais le chef-d'oeuvre de Fritz Lang est d'une beauté atemporelle. A Metropolis, on pleure, on a peur, on rit, sans trop se poser de questions... Sauf une, peut-être, qui flotte incessamment en notre esprit : l'Homme peut-il vivre en harmonie avec les machines, ses propres créations ? Chacun trouve sa propre réponse ou laisse la question en suspens.

Metropolis est un film où l'on peut garder les yeux grands ouverts du début à la fin, un film où le mot "ennui" ne s'imprime jamais en notre esprit. On plonge au plus profond des souterrains d'une ville, des souterrains recelant des mystères et annonçant des orages... Et le récit, à notre époque, nous paraît bien amer...
Car s'annonce en ce film la mise en place inquiétante des régimes totalitaires avec un homme auquel on confie le pouvoir et qui chamboule la vie de la cité.

Massacré, censuré et rejeté dans sa version initiale, le film n'a retrouvé que depuis peu sa version complète de  deux heures et demi. celle que nous avons la chance de retrouver aujourd'hui et qui regagne vingt-cinq minutes cruciales de plans incroyables. On se plait à redécouvrir une époque où la caméra était fixe et où les plans contenaient des trésors merveilleux ; il en va de même de la musique de Jacques Cambra, évidemment imprévisible et inédite. Au vu de la durée du film, on ne peut que s'étonner de son choix pour un ciné concert... On ne peut que deviner une création qui poursuivra le film comme une ombre, une création qui déroutera.

Metropolis, Maria : Photo MK2
Et de fait ! C'est un merveilleux exploit que nous propose Jacques Cambra qui accompagne les images et crée une musique haletante tout le long du film. Le musicien tient les deux heures et demie sans aucune pause ; on pourrait presque croire qu'il ne respire pas... On se rassure pourtant de temps en temps en jetant un coup d'oeil à l'artiste et à ses doigts qui glissent sur les touches du piano. Qui plaque avec force ses accords sur le clavier quand l'action est à son sommet. Et qui, délicatement parfois, célèbre en quelques notes le retour de l'harmonie pendant que Maria retrouve l'homme qu'elle chérit.
On en ressort du spectacle le mot "merci" aux lèvres

*ciné concert du 6 juillet 2011 au festival international du film de La Rochelle, journées ADRC


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