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mercredi 25 janvier 2012

Potemkine, le sillon des eaux troubles

Film muet de Serguei Eisenstein 
(URSS - 1925 - 70')
Scénario : Serguei Eisenstein d'après le récit de Nina Agadjanova-Choutko

Ciné Concert le dimanche 29 janvier à 18h30 dans le cadre de la 5ème édition du Festi-Ciné Meaux (77) Renseignements : Voir l'agenda


Critique du film par Rouba Salloum 


C'est une étape singulière de la révolution russe que retrace l’œuvre de Serguei Eisenstein.
Tout, ici, est symbole...
Le cuirassé sillonne les eaux agitées qui annoncent le climat tendu du film.
Les ouvriers ne supportent plus leur condition, ne veulent plus se nourrir de viande avariée et rongée, cette nourriture qui représente ce peuple en morceau.
En montant face aux soldats les marches de l'escalier d'Odessa, elle tenait le corps de son fils dans ses bras ; cette femme dont la douleur transperce l'écran. Une souffrance sans limites.


Avec des supérieurs aux sourires sadiques et auto-satisfaits face à la souffrance des marins qui vont se révolter, le réalisateur représente la révolution de 1905. Le spectateur est bouleversé par la mythique scène de l'escalier d'Odessa où la foule accueille le cuirassé Potemkine avec joie en le ravitaillant. Les riches, pauvres, femmes, hommes, enfants, adultes et handicapés se mélangent, se soutiennent et observent ce Cuirassé. Ce moment de bonheur vite anéanti par l'arrivée inopinée des soldats tsaristes. Tels une rangée d'automates destructeurs, ils terrorisent la population d'Odessa et tuent, assassinent. Les plus petits sont touchés aussi bien que les plus âgés. La descente aux enfers de la poussette déboulant l'escalier a été vue et revue, reprise dans de nombreux films (Les Incorruptibles dont le titre original est The Intouchables de Brian De Palma, pour n'en citer qu'un).


Les ombres assassines des soldats viennent repousser le peuple. C'est la vengeance du pouvoir sur les plus faibles.

Ces évènements rappellent les conflits de notre monde actuel, ils nous rappellent des vies brisées à cause d'un pouvoir oppressant.
Eisenstein crée ce film sur commande et malrgé les quatre mois accordés pour le tournage, il arrive à bout d'une oeuvre culte.
Le Cuirassé Potemkine est un incontournable, la clef de nombreux films qui puisent à cette source d'une richesse incroyable.


Il éblouit avec l'Expressionnisme allemand, il émerveille avec le Burlesque... Jacques Cambra est encore à l'aise avec le cinéma soviétique. Son accompagnement rend justice à la technique d'Eisenstein et tout autant à la force de l'oeuvre.

Place au génie d'Eiseinstein et à l'univers de Cambra.